Il y a encens et encens...
Pardon ?
Encens et encens ?
Mais tout ça c'est pareil !

Que nenni : sous le même nom se cachent des choses très différentes.
Quand on ouvre la boite de Pandore il est tout à fait possible de trouver le meilleur comme le pire.
Côté pire, tout le monde connaît l’encens industriel en bâtonnets ou en cônes.
Son prix tourne souvent autour de 50 centimes les 12 000 bâtonnets. Oui, là j’exagère un peu, disons plutôt en moyenne 1.50 euros les 20 bâtonnets. Ils sont la plupart du temps bien colorés et dégagent des odeurs assez marquées.
Ces encens-là ont fait l’objet de nombreux articles dénonçant leur nocivité, et depuis lors tous les encens en général traînent une réputation peu reluisante.
Mais quand on brûle un encens industriel, de quoi est-il question ?
La législation assimile les encens à des désodorisants, comme les petits sapins à accrocher au rétroviseur, comme les bougies industrielles parfumées ou comme les pchit-pchit pour les WC ou la maison.
Il n’est pas obligatoire d’indiquer la composition.
On se doute bien que pour 50 centimes les 12 000 bâtonnets (oui j’exagère je sais) il ne doit pas y avoir de matières premières bien onéreuses dans ces encens-là.
Et on a bien raison de s’en douter : ils sont composés d’un bâton central autour duquel on agglomère du charbon ou de la sciure (pour qu’il brûle). On va alors tremper ce bâtonnet dans un colorant industriel (pour qu’il ait une couleur vive) et dans un super parfum de synthèse (pour qu’il sente « super trop bon »).
Alors oui, forcément, quand on brûle un bâtonnet discount dans une petite chambrette non aérée, il y a toutes les chances du monde pour qu’on s’intoxique un tantinet en respirant des trucs chelous (en l’occurrence ici des hydrocarbures aromatiques polycycliques et des carbonyles de benzène).
Heureusement, tous les bâtons d’encens (ou cônes) ne sont pas industriels : il y en a de magnifiques !
Pour les différencier c’est simple : le prix est plus élevé, parce que les matières premières sont de qualité, et la composition est indiquée, parce que quand on fabrique un beau produit on n’a pas honte d’afficher ce qu’il contient.
Côté meilleur il y a l’encens véritable.
C’est ainsi qu’on appelle l’encens utilisé depuis des millénaires (voir l’article « Histoire d’encens »). Les éléments qui le composent sont tous d’origine végétale : des résines d'arbre, des racines, des écorces, des concrétions, des huiles essentielles, des bois, des végétaux séchés, des aromates, des fleurs,….
Le plus illustre de ces ingrédients est l’oliban, puisque le mot encens désigne à l’origine l’oliban.
(C’est une gomme sécrétée par un arbuste du genre Boswellia. Il pousse notamment près de la mer Rouge, en Somalie ou en Éthiopie, et possède sous son écorce des canaux qui, sous l’effet de la chaleur, exsudent cette superbe gomme odorante.)
L’encens véritable est de forme variée : il peut être en grains ou en poudre (comme les Encens Armoisine qui appartiennent à cette catégorie, vous n’en doutiez pas), mais on peut aussi lui donner une forme en utilisant un amalgamant comme la gomme arabique.
Contrairement à l’encens industriel il ne contient pas de combustible. On ne peut donc pas l’allumer.
C'est un encens qui doit être chauffé pour révéler ses parfums ; on utilise alors un encensoir et une source de chaleur, sous la forme d’un charbon ardent sur lequel on déposera l’encens. Et c'est en chauffant que les trésors odorants qu'il recèle vont s'exprimer.
Je peux maintenant refermer la boite de Pandore, puisqu’il est évident qu’il y a bien encens et encens : l’un nous intoxique et nous affaiblit, l’autre nous élève et nous accompagne.
Écrire commentaire